Les conférences organisées par la SAHIV en 2017
10 janvier, 15h00 : Institut franco-américain (7 quai Chateaubriand)
André DESMOTS, Autour de Lancelot-Dubourg, curé constitutionnel de Retiers
Ce travail sur Emmanuel Lancelot-Dubourg, nous est venu de notre appartenance au pays de Retiers. Nous avons entendu parler du personnage dans la famille, mais on se contentait de vanter son appartenance à la Constituante en qualité de député du bas-clergé sans autres précisions. Une deuxième raison, a été la découverte dans l’œuvre de Michel Lagrée, du problème que Retiers lui posait au travers de l’évolution des mentalités. Comment Retiers, commune la plus bleue du département d’Ille-et-Vilaine, avait pu passer d’une gauche radicale à une droite républicaine. Nous avons essayé de comprendre, ce qui avait préparé en amont cet état d’esprit bleu. Ainsi, en partant des « sorciers de Retiers » mentionnés par Noël du Fail, en passant par le protestantisme local, l’absence prolongée de la famille du Hallay, le mariage d’Emmanuel du Hallay avec une roturière, généreuse pour les pauvres, en sont peut-être une première explication. Il faut également tenir compte de Me Pierre Perroys, avocat au parlement, procureur fiscal de la seigneurie, mandataire local des seigneurs à l’influence incontestée, nommé à vie dans sa fonction par le général de la paroisse, qui donnera sa fortune aux pauvres. Tous ces évènements en amont, ont préparé Retiers à la Révolution que Lancelot-Dubourg théorisera.
En aval, s’est posé le problème de l’influence de Lancelot-Dubourg jusqu’à aujourd’hui. Tout d’abord son successeur, l’abbé Pierre Dein, ancien vicaire de ce dernier était lui-même prêtre constitutionnel. Son père sera maire de Retiers et deux de ses frères deviendront colonels d’Empire. Divers évènements permettent de comprendre, le conflit permanent entre ce que nous pouvons toujours appeler les bleus et les blancs, ce qu’aujourd’hui nous appelons la gauche et la droite. Le premier évènement est celui tout à fait, atypique, qui s’est produit en 1914 : le maire et la municipalité interdirent de sonner le tocsin pour la déclaration de guerre. Le deuxième eut lieu le 2 juillet 1933, à l’occasion du congrès d’arrondissement des anciens combattants, pour lequel la municipalité interdit à ces derniers de défiler dans les rues de la commune. Le troisième et sans doute le plus important fut la démission de la municipalité de Retiers le 19 mars 1941 : il est mentionné dans le registre de paroisse, où le rédacteur ajoute : « depuis 60 ans, Retiers vivait sous une municipalité radicale et sectaire […] ». Enfin, le dernier évènement est lié aux faits de la Résistance. Il y avait deux groupes à Retiers, le groupe ocm, réseau « Centurie », reconnu officiellement par les autorités d’arrondissement ffi, et le groupe ftp, non officiel. Au moment de l’arrivée des Alliés, le responsable du secteur écrit à sa hiérarchie, c’est-à-dire au chef ffi de Vitré : « Je me suis retiré avec mes amis 4 jours après l’arrivée des Américains devant les menaces de groupes ftp plus nombreux et puissants, prêts à tout ».
Ainsi, nous donnons une partie de réponse au questionnement de Michel Lagrée, qui avait perçu d’où venait le changement : « Le changement est spectaculaire pour ce dernier canton [Retiers], traditionnelle forteresse de l’esprit bleu : c’est peut-être par la médiation des groupements d’anciens combattants que s’opère alors une mutation décisive et définitive de la droite. » Il ajoute : « il faut probablement invoquer aussi l’influence de L’Ouest-Éclair et d’une démocratie chrétienne où se reconnaissent peu ou prou ces catholiques bleu ».
Tombe de Joseph Lancelot du Bourg (cl. Musée de Bretagne)
7 février, 15h00 : Institut franco-américain (7 quai Chateaubriand]
Emmanuel GRELOIS, L'Obituaire (vers 1323) et le Livre des usages, coutumier de la cathédrale de Rennes (1415) : Eglise, société et topographie à Rennes au XIVe siècle
Deux ouvrages, existant chacun en deux manuscrits sensiblement différents, tous deux organisés en calendriers, de janvier à décembre pour l’un, de novembre à octobre pour l’autre, régissent le fonctionnement liturgique du chapitre cathédral de Rennes aux derniers siècles du Moyen Âge. Compilations d’ordonnances (procédant de délibérations capitulaires) et de titres (constitutions de rentes) classés selon une logique calendaire (et dans une moindre mesure chronologique), l’Obituaire (en réalité sous le nom de « collation des bénéfices dans l’Église de Rennes selon l’ordonnance faite en chapitre général ») dressé vers 1323, et près d’un siècle plus tard le Livre des usages (1415) décrivent avec détail les institutions et la liturgie propre de la cathédrale de Rennes, en relation avec les églises voisines et les « neuf paroisses », mais permettent aussi de dresser le portrait des élites urbaines et régionales, nobles ou bourgeoises, laïques ou ecclésiastiques, qui ont fondé des centaines de messes anniversaires (ou obits), et d’affiner la topographie urbaine et suburbaine de Rennes entre le début du XIIIe et le milieu du XVIe siècle (car les ajouts courent de l’obituaire courent jusqu’à 1555).
Souvent cités par l’érudition des siècles passés, les manuscrits feront l’objet prochainement (fin 2017) d’une une édition aux Presses universitaires de Rennes (dans la collection « Sources médiévales de l’histoire de Bretagne ») conforme aux exigences scientifiques actuelles et constituent un irremplaçable complément aux Comptes des miseurs, aux rentiers ducaux et au Cartulaire de Saint-Melaine récemment édité pour approfondir l’histoire de Rennes à la fin du Moyen Âge. L’édition comprendra les compléments nécessaires à une étude scientifique accessible à un public large et curieux (apparat critique, index, lexique) et des études thématiques montrant la richesse des sources, au-delà des seules considérations institutionnelles (chanoines et dignitaires, chapelains et enfants de chœur, statuts, délibérations capitulaires, fondations) et liturgiques (sanctoral de Rennes, liturgie propre de la cathédrale, commémoration des morts) : les aspects linguistiques (le français régional en usage), topographiques et paysagers (paysage urbain, paysage rural aux abords de la ville) seront également abordés.
Au total, les deux ouvrages concentrent, en une centaine de folios, le meilleur aperçu condensé qu’on puisse avoir, via les sources écrites, de la topographie de Rennes entre 1200 et 1500. Les surcens des fondations obituaires, ordonnés selon les dates calendaires, ajoutés au cens des seigneuries foncières, dessinent en pointillé comme un premier cadastre incomplet de Rennes, où évoluent clergé cathédral, clergé paroissial, processions et dévotions privées.
Obituaire de Rennes
Livre des usages de Rennes (cl. archives diocésaines de Rennes)
7 mars, 14h30 : auditorium des archives départementales
Assemblée générale annuelle de la SAHIV
Philippe GUIGON, Félix Marant-Boissauveur (1821-1900), dessinateur et marin breton
Ce personnage était totalement ignoré des historiens de l’art jusqu’à l’acquisition par un particulier, à Drouot en 2012, d’un album de dessins entièrement consacré à la Bretagne. Différentes recherches ont permis la redécouverte d’un personnage attachant, issu d’une famille de la petite noblesse bretonne ayant fourni à la Royale plusieurs marins, ce qui explique sa carrière presque obligée de commissaire de Marine. Après des affectations à Nantes, Lorient (son lieu de naissance) et Brest, il embarqua à bord de la corvette l’Héroïne et voyagea dans l’hémisphère sud (octobre 1844-octobre 1847), rencontrant sa future épouse lors de son escale de retour, à Cayenne ; après un séjour à Pondichéry (1853-1856), il acheva son activité professionnelle en janvier 1863, résidant à Paris jusqu’à son décès. Artiste amateur à ses heures, il affirme avoir composé six albums comprenant près de 600 dessins dévolus à ses voyages (deux d’entre eux sont conservés à Sydney), ainsi qu’au moins un autre concernant la Bretagne et objet de la présente communication.
Ses 200 pages comportent 46 gravures découpées dans Le Magasin pittoresque des années 1836-1864, sans rapport avec les 212 dessins qui en font toute l’originalité et la richesse. Utilisant des techniques diverses (crayon noir ou de couleur, plume, huile), l’auteur représente principalement des monuments (97), des paysages (35) et des costumes (68) de Loire-Inférieure (41), Morbihan (26) et Finistère (129), essentiellement entre 1836 et 1844. Très souvent précurseur, il n’a pas été influencé par les illustrateurs tels Jean-Jacques Potel (1840) ou ceux des Voyages pittoresques et romantiques (1845-1846), et montre souvent des monuments depuis lors modifiés, voire disparus. Ses extraordinaires représentations de costumes traditionnels sont à rapprocher de ceux d’Hippolyte Lalaisse, dessinateur professionnel qui parcourut la péninsule dans les années 1843-1844.
La grande précision de Marant-Boissauveur, sa vive curiosité et l’éclectisme de ses choix, sa précocité, sont tout à la fois la marque d’un « antiquaire » de grande classe et celle d’un ethnologue avant l’heure. La publication, courant 2017, de ce premier album breton par les Presses universitaires de Rennes (codirection Denise Delouche/Philippe Guigon), permettra de faire partager à un large public notre enthousiasme pour un homme connu il y a peu des seuls océanistes.
Sur le marché de Brest (juillet 1844 ; terminé en mer en juin 1853)
4 avril : sortie foraine à Redon
Georges PROVOST, Saint-Sauveur de Redon au temps des Mauristes
9 mai, 14h30 : musée des Beaux-Arts
Gilbert NICOLAS, Les Américains dans la Grande Guerre en Ille-et-Vilaine
6 juin, 14h30 : musée des Beaux-Arts
Philippe MARION, Les prisonniers allemands et le déminage en Bretagne après la seconde guerre mondiale
10 octobre, 14h30 : musée des Beaux-Arts
Yves COATIVY, Les aléas des archives bretonnes et la Révolution. De quelques épaves curieuses
Les conflits qui ponctuent l’histoire de la Bretagne médiévale et moderne expliquent en partie la maigreur des fonds anciens des cinq grands centres d’archives départementaux de la région. La Révolution a aussi joué un rôle important dans les destructions de certains fonds tandis que d’autres étaient sanctuarisés. L’exposé visera à raconter cette histoire mouvementée à travers un certains nombres d’exemples trouvés à Vannes, Nantes et Rennes au hasard des fonds “reliures”, les débris de documents qui ont été sauvés par des générations d’archivistes. Parmi ceux-ci, nous nous arrêterons plus longuement sur les rares gargousses d’artillerie conservées aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine).
Gargousse (archives départementales d'Ille-et-Vilaine, J 188)
7 novembre, 14h30 : musée des Beaux-Arts
Laurent BEUCHET, Les fouilles archéologiques de la Place Saint-Germain. Rennes de la fin de l'Antiquité au bombardement de juin 1944
La fouille de la place Saint-Germain a été réalisée dans le cadre de la construction d’une station de la ligne B du métro rennais. Elle s’est déroulée d’août 2014 à fin février 2015, sur une surface de près de 2 000 m². Les données recueillies concernent principalement les périodes allant de l’Antiquité tardive à la destruction du quartier en 1944. Elles documentent la naissance d’un quartier urbain au débouché d’un franchissement de la Vilaine, formant un accès majeur à la ville, son développement et son intégration intramuros, puis son développement au cœur de la ville moderne et contemporaine.
La situation sur la berge nord du fleuve a favorisé une excellente conservation des matières organiques, permettant la réalisation d’études environnementales importantes. Elles fixent le cadre de l’implantation du quartier dans le cours majeur de la Vilaine et l’interaction continuelle entre les occupations humaines et le milieu naturel. La fouille livre également un lot de mobilier médiéval exceptionnel, notamment en cuir et en métal. Les nombreuses datations sur les bois gorgés d’eau permettent l’établissement de chronologies précises. L’analyse concerne donc des axes d’étude extrêmement variés, touchant les questions d’urbanisme, d’histoire économique et sociale, de culture matérielle. Elle pose de nombreuses bases et ouvre de nombreuses perspectives d’études à venir.
Fouilles de la Place Saint-Germain (cl. Inrap)
12 décembre, 14h30 : musée des Beaux-Arts
Association Rennes en Sciences : Une histoire de la Faculté des sciences, place Pasteur
Nous insisterons sur l’importance du Palais « Pasteur » dans l’histoire de la Faculté des sciences de Rennes : c’est ce que nous appellerons la « centralité » de ce bâtiment. Nous parlerons peu du « physique » du bâtiment au-delà de quelques remarques. Bien évidemment, pour en comprendre l’importance nous dirons d’où il vient et ce qu’il a généré autour de lui : cela explique l'intitulé de cet exposé qui s’attache à la vie des hommes et des femmes ayant porté cette histoire. Le plan est le suivant :
La « préhistoire »
Entrée dans l’histoire, les années au Présidial (1840-1855)
Dans le palais universitaire, la cohabitation (1855-1896)
Enfin chez « elle » ! (1896-1900)
Un siècle s’achève, l’autre commence (1900-1918)
Après la guerre, les ambitions de développement (1918-1945)
Une autre ère se prépare (1945-1966)
L'ancienne faculté des sciences, place Pasteur
14-15 décembre 2017 : Les Champs-Libres, à Rennes, salle de conférence Hubert-Currien
Colloque Louise de Quengo. Les funérailles multiples des élites bretonnes de l'époque moderne
(cf. programme détaillé dans l'onglet Actualités/2017)