par Patrick BOURGALAIS
11 juin, 14h30,
musée des beaux-arts

Sous la Révolution, Saint-Aubin-d’Aubigné est une de ces paroisses d’insoumission, une paroisse "bleue". Elle en constitue même un des bastions du département. Et la dimension politique de l’armement de cette paroisse rurale avec la création d’une véritable garde nationale en constitue incontestablement un des faits majeurs. Elle va fortement marquer de son empreinte les esprits de ses contemporains et forger les attitudes, les comportements des habitants de la commune.

Garante de l’application des lois nationales au sein de la collectivité, cette force publique aubinoise inscrit désormais la commune dans des enjeux idéologiques et politiques qui dépassent largement les limites de la commune. Mais cet attachement à l’esprit de liberté et au respect de l’état de droit n’est pas seulement la conséquence de conditions favorables à cette adhésion collective. C’est aussi la capacité de la petite notabilité rurale qui a pris les rênes du mouvement à faire les bons choix face aux multiples soubresauts de la Révolution.

Quant à la forte mobilisation de la garde nationale de Saint-Aubin-d’Aubigné en 1830, elle témoigne de l’inscription profonde de ces valeurs héritées des années révolutionnaires dans la mémoire collective d’une grande partie de ses habitants. Ainsi, des dernières décennies du siècle des Lumières aux premières heures de la monarchie de Juillet, s’élabore un lien collectif, une continuité qui va dessiner toute l’évolution politique, sociale et culturelle de cette commune.

Illustration : Jean-Baptiste Lesueur, Citoyens poussant le cri « la Liberté ou la Mort » (Paris, Musée Canavalet, c. 1787-1797)