Conférences SAHIV
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Les bouilleurs de cru d'Ille-et-Vilaine aux XIXe et XXe siècles
par Jérôme CUCARULL
13 décembre 2022, 14h30
musée des beaux-arts
Francis Heuveline, distillateur ambulant de Montauban-de-Bretagne, installé à Saint-Gilles (cl. Alain Amet, 26 avril 2007: portail documentaire du musée de Bretagne et de l'écomusée de la Bintinais)
En 1935, la révolte des bouilleurs de cru qui parcourt les campagnes de Normandie a des résonnances en Ille-et-Vilaine. Elle montre une grande sensibilité des campagnes à la question de la taxation de l’alcool produit à partir des fruits récoltés par les paysans. Cette exaspération est le résultat de discussions passionnées et souvent houleuses que suscite le sujet depuis le début du XIXe siècle, avec une succession de législations opposées, plus ou moins libérales selon les époques. On s'interroge donc sur la légitimité des exemptions de déclaration et d’imposition dont bénéficient largement les bouilleurs de cru. Partisans et opposants tentent de justifier l’intérêt ou au contraire de montrer l'iniquité de ce privilège et son impact sur l’alcoolisme. Se pose également la question de l'égalité devant l'impôt et du rendement de celui-ci, notamment face à l'importance des fraudes.
Les statistiques élaborées par le service des Contributions indirectes servent de base à ces débats. Cependant, mesurer l’activité des bouilleurs de cru s’avère, en Ille-et-Vilaine comme ailleurs, une tâche délicate, voire impossible, à cause de la difficulté du recueil de données et de leur interprétation contradictoire. L'étude précise des statistiques pour le département d'Ille-et-Vilaine montre bien la difficulté de mesurer une activité rurale importante et d'en établir une statistique fiable pour le législateur. Globalement cette pratique systématique du monde rural constitue donc une activité « fantôme ».