2 avril 2019

manoir de La Ville Revault et ancienne église

La Ville-Revault à Saint-Lunaire-de-Pontual (conférence au Centre Culturel Jean-Rochefort, boulevard de la Plage)

     L'étymologie de Saint-Lunaire vient de Leonorius, chef breton qui y fonda un monastère au début du VI^e siècle, au sein de l'ancienne paroisse primitive de Pleurtuit. Au nom du saint patron est associé, jusqu'à la Révolution, celui de la famille seigneuriale des Pontual : Saint Leonnaire de Pontual (jusqu'à la fin du XVII^e siècle) puis Saint Lunaire de Pontual.
Lors de cette séance, nous suivrons l'évolution d'une branche cadette de cette famille : détentrice au début du XV^e siècle d'une petite terre noble à Saint-Lunaire, elle possède deux siècles plus tard l'intégralité de la paroisse ! Le domaine est élevé en châtellenie en 1681 et le château de la Ville-Revault en devient le siège.
      A quoi pouvait donc ressembler cette demeure, qui fut pillée par les soldats britanniques en septembre 1758 et démantelée par les propriétaires, un siècle plus tard ? Nous n'en connaissons aucune représentation graphique, mais la consultation et l'analyse de nombreux documents – dont certains privés – permettent d'en proposer une reconstitution. Un inventaire chiffré effectué en 1771, dans le cadre du mariage du seigneur de Pontual, révèle en effet, dans cette demeure aristocratique proche de Saint-Malo, un intérieur luxueux, richement meublé et au goût du jour.

Visite de la vieille église de Saint-Lunaire (place du Pilori)

     Les actions soutenues menées par la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, et de son président Arthur de La Borderie, ont permis d'éviter la destruction programmée de la vieille église pour construire la nouvelle. Classée monument historique en 1913, elle demeure aujourd'hui un précieux témoignage d'une petite église rurale dont les phases de construction s'étalent sur plusieurs siècles et cependant constituent un ensemble harmonieux. Elle comprend : une nef du XI^e siècle, des collatéraux du XVIIe, deux chapelles seigneuriales du XIV^e ou XV^e siècle formant une sorte de transept désaxé, et un chevet à pans coupés datant du milieu du XVIII^e siècle.
      En 1949 débutèrent d'importants travaux de restauration sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques, Raymond Cornon. Le dallage fut entièrement relevé et permit d'exhumer le couvercle original du tombeau de saint Lunaire. Il est replacé en 1954 avec deux autres pierres tombales imagées (remises au jour en 1893 par Elie de Palys ) sur des soubassements. Ils forment actuellement, avec les quatre gisants déjà en place – celui du saint éponyme et ceux attribués aux familles de Pontbriand et de Pontual – un des plus beaux ensembles in situ de gisants en Bretagne.