Les conférences organisées par la SAHIV en 2022

11 janvier, 14h30 : téléconférence par Zoom

Thomas GATEL, Le retour de la Crucifixion des marchands d’outre-mer à Vitré

On doit la réalisation du Christ en croix entre la Vierge, saint Jean et sept donateurs agenouillés au pinceau d’un artiste travaillant dans le nord de la France, sans doute dans la région d’Amiens, vers 1490. L’histoire de cette huile sur panneaux de bois est intimement liée à la confrérie des marchands d’outre-mer, de riches négociants à l’origine de la prospérité de Vitré grâce à leur florissant commerce de toiles de chanvre. L’œuvre est acquise par ces marchands vers la fin du XVe siècle pour vraisemblablement en orner leur chapelle au sein de l’église Notre-Dame.

Si le tableau survit aux dégradations révolutionnaires, il disparaît le 17 avril 1969 à la suite d’un vol rocambolesque. Quelques semaines plus tard, la police arrête en Espagne une personne travaillant pour un gang belge, qui avoue le vol. Mais l’œuvre ne refait finalement surface que 50 ans plus tard, au cours d’une vente aux enchères à Lille, avant d’être restituée à la Ville le 20 décembre 2019. Afin de (re)présenter cette œuvre remarquable à tous, un comité scientifique composé de membres de la Ville, de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), de conservateurs et de restaurateurs, réfléchit actuellement aux modalités de sa restauration.

2022-01-11 - Th. Gatel (Tableau Vitré)

 La Crucifixion des marchands d’outre-mer de Vitré (cl. Ville de Vitré)

 

22 février, 14h30 : archives départementales

Assemblée générale – Renouvellement du bureau

Aloïs AUDOUIN, L’asile Saint Méen de Rennes à l’épreuve de la législation nouvelle : entre rupture et continuité (1838-1852) [Prix de l’association des directeurs d’hôpitaux]

L'asile Saint-Méen de Rennes préexiste à la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. L'établissement fut fondé au XVIIe siècle pour soigner une forme de gale. Il ne prit sa vocation de soigner les aliénés qu'au tout début du XIXe siècle, après avoir servi de maison de force durant la fin de l'Ancien Régime. En 1836, une volonté bienveillante des hospices de Rennes appela au service médical un véritable aliéniste formé en la Maison royale de Charenton par l'illustre docteur Jean-Étienne Esquirol. L'adoption de la loi du 30 juin 1838, après un long et périlleux processus législatif, fut une réelle avancée pour la prise en charge des aliénés en France. L'étude réalisée, qui se fonde sur les documents consultables aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine, a eu pour objectif d'analyser les effets de cette loi sur l'asile Saint-Méen de Rennes. Si les archives concernant les malades sont très largement lacunaires, il n'en est rien de celles relatives à l'administration de l'asile. C'est pourquoi cette étude se divise en trois chapitres : dans un premier temps, il a fallu comprendre et analyser un conflit juridique et politique qui opposa, entre 1840 et 1852, la municipalité de Rennes et le ministre de l'Intérieur. À la lumière de ce conflit, il nous a été possible de présenter les changements opérés dans l'administration effective de l'asile à partir de 1838, avant de se pencher sur le respect à Saint-Méen des procédures de placement instaurées par la loi.

2022-02-22 - A. Audin (Saint-Méen) - 1

 Affiche de 1900 (arch. dép. Ille-et-Vilaine)

2022-02-22 - A. Audin (Saint-Méen) - 2

Demande d'admission à l'asile Saint-Méen, 1840 (arch. dép. Ille-et-Vilaine)

2022-02-22 - A. Audin (Saint-Méen) - 3

Certificat de décès, 26 mai 1839 (arch. dép. Ille-et-Vilaine)

 

8 mars, 14h30 : archives départementales


Christiane PAURD, L’iconographie des évangiles apocryphes dans les églises bretonnes

La Bible que connaissent les catholiques n'a retenu qu'un nombre restreint de textes. Des dizaines d'autres, dits "apocryphes", relèvent de la tradition. Ils concernent tant l’Ancien Testament que le Nouveau. Alors que les apocryphes du Nouveau Testament sont très représentés dans les églises, nous en avons oublié l'origine et leurs savoureuses petites histoires.

Après les avis divergents exprimés par Augustin d’Hippone et Jérôme de Stridon, et malgré plusieurs conciles locaux statuant sur le choix des textes « canoniques » - reconnus par l’Église catholique -, la représentation des apocryphes a perduré jusqu’au concile de Trente qui les a estimés « non inspirés » et a mis fin à la production de nouvelles œuvres les représentant. Pour autant, ils font partie de notre imaginaire, tels le bœuf et l’âne de la crèche, ou bien ont été transformés, tel le bâton fleuri de Joseph, devenu lys de pureté.

La basilique de Quintin abrite la ceinture de la Vierge (de même que d’autres monuments prestigieux), et, au XXe siècle, le maître-verrier qui a conçu la représentation de l’Assomption à Saint-Méloir-des-Ondes n’a pas oublié son histoire… Ce ne sont là que des exemples de ce que l’on peut observer.

Nos photos sont essentiellement prises en Bretagne, mais nous ferons également quelques incursions en Normandie et ailleurs en France.

2022-03-08 (C. Paurd (apocryphes) - 1

Les Iffs (35), église Saint-Ouen, détail de l’ancien jubé : saint Jean l’Évangéliste et sa coupe de poison (cl. C. Paurd)

2022-03-08 (C. Paurd (apocryphes) - 2

Kernascléden (56), église Notre-Dame, fresque : l’archange Gabriel apporte à la Vierge la palme de ses funérailles (cl. C. Paurd)

2022-03-08 (C. Paurd (apocryphes) - 3

Lantic (22), chapelle Notre-Dame de la Cour, détail de la verrière : la Vierge au Temple, filant (cl. C. Paurd)

 

26 avril, 14h30 : sortie foraine à Maxent

André CORRE, Philippe GUIGON, Bernard LEPRÊTRE, Maxent, les origines et les sites médiévaux

 

2 mai, 14h30 : archives départementales

Kevin BOURNICHE, Jardins et demeures nobles : chercher des indices dans le paysage et les archives

Au début du XVIIsiècle, la campagne bretonne est encore marquée par des demeures nobles érigées à la fin du Moyen Age et au début de la période moderne. Ces ensembles associaient à un logis seigneurial un jardin qui participait lui-aussi à témoigner un statut social. Démolis pour laisser place à des ensembles plus en vogue, modifiés ou abandonnés dès le XVIIe siècle, il nous faut désormais exercer notre œil pour les retrouver et comprendre à nouveau les logiques de construction et les interactions qui existaient entre le logis et son jardin. Cet exercice est d’autant plus nécessaire que, pour certains ensembles et davantage pour les plus petits d’entre eux, les données archivistiques mentionnant le jardin sont peu nombreuses.

2022-05-02 - Bourniche (Jardins)

 

10 mai, 14h30 : musée des beaux-arts

Yves RANNOU, Jean-Pierre MANDART, Aperçu sur la richesse et la diversité de la correspondance du fonds Dreyfus conservé au musée de Bretagne

Le musée de Bretagne à Rennes est sans doute celui qui possède la plus importante section consacrée à l’affaire Dreyfus, rappelant que c’est dans cette ville que s’est déroulé le procès en révision du capitaine (1899). Aujourd’hui le musée, qui dispose depuis 2006, d’un espace dédié à l’Affaire, détient un fonds considérable réunissant objets, journaux et publications, documents iconographiques, et surtout un ensemble de plus de 4 000 lettres adressées à Lucie et Alfred Dreyfus. Désormais disponibles en ligne, elles montrent l’énorme répercussion  de l’Affaire qui a provoqué dans le monde entier des réactions individuelles et collectives d’une ampleur inégalée. Leur diversité quant à elle, reflète celle de leurs expéditeurs et de leurs motivations, dont certaines peuvent être parfois déconcertantes et pour le moins inattendues.

L’objectif de cette communication est de montrer la richesse du fonds à travers la lecture et l’analyse d’un certain nombre de lettres  et de faire découvrir les multiples centres d’intérêt offerts par cette correspondance. Celle-ci constitue un témoignage concret sur l’Affaire, et ne peut  laisser aucun lecteur indifférent.

2022-05-10 - Rannou (Dreyfus) - 1

Fin d'une lettre du professeur Édouard Droz à Alfred Dreyfus (cl. musée de Bretagne)

2022-05-10 - Rannou (Dreyfus) - 2

1re page d'une lettre de Dreyfus à sa femme Lucie, 3 octobre 1896 (cl. musée de Bretagne)

 

 

14 juin, 14h30 : archives départementales d'Ille-et-Vilaine

Catherine PICHOT, Les 1 000 premiers capucins de la Province de Bretagne (1662)

À travers l'étude d'un manuscrit rédigé par le capucin Balthazar de Bellême, datant de 1662 et conservé à la bibliothèque des Champs Libres de Rennes, tout un monde se trouve reconstitué : celui des 29 couvents de la Province capucine de Bretagne, créée en 1629 et qui englobe le Maine et la Vendée. Le frère Balthazar nous en retrace la chronique au long du premier XVIIe siècle, en citant nommément chacun de ses mille premiers membres.

Après une brève présentation d'un manuscrit complexe, nous évoquerons dans une première partie les valeurs franciscaines qui s'y trouvent valorisées par l'image ou la poésie, et renforcées par les citations de l’Écriture émaillant le document. Une vingtaine d'images pleine page l'illustrent en effet, souvent difficiles à décrypter. De longs passages en vers à teneur poétique ou pastorale nous rendent présents le Christ, la Vierge, les saints et les anges. Dans un second temps, nous examinerons les problèmes matériels rencontrés par la Province, qu'ils aient trait aux aspects organisationnels internes comme aux querelles religieuses subsistant. Sous les protestations d'amour fraternel se cachent de grandes dissensions. Par ailleurs, la violence du siècle connaît des échos à l'intérieur même du couvent du Mans où se trouve le frère Balthazar : de nombreux événements du monde profane sont décrits dans l'éphéméride. La dernière partie montrera comment la tension entre ces pôles spirituel et matériel prend une dimension personnelle, celle de la souffrance physique et morale de l'auteur. Le travail minutieux de cet homme âgé, dont nous reconstituerons le cadre de vie, constitue un témoignage unique sur la fin de la période héroïque d'installation de l'ordre en France.

2022-06-14 - C. Pichot-1

2022-06-14 - C. Pichot-2   2022-06-14 - C. Pichot-3

Bibliothèque des Champs libres

 

1er octobre, sortie sur les traces de l'architecte Arthur Regnault

 

11 octobre, 14h30 : musée des beaux-arts

Gérard FOUREL, Jean HÉRISSET, Fougères l'ouvrière

Haut-lieu des Marches de Bretagne, Fougères est surtout connue pour son château médiéval, mais toute la facette du patrimoine industriel mérite d’être évoquée. À la fin du XIXe siècle, la ville a connu une révolution industrielle, précoce en Bretagne, en s’orientant vers une mono-industrie qui l’a fait connaître sous le nom de « capitale de la chaussure féminine ».

Installé comme photographe à Fougères, Gérard Fourel a eu l’intuition que ce monde pourrait disparaître et a voulu l’immortaliser : ses photos témoignent de la fierté au travail et du savoir-faire de ce monde ouvrier. Jean Hérisset présentera l’aspect historique des entreprises emblématiques de la ville.

2022-10-11 - 1 (Fougères)

2022-10-11 - 2 (Fougères)

Clichés Gérard Fourel

 

8 novembre, 14h30 : musée des beaux-arts

Solenn MABO, Bretonnes en Révolution : sur la piste des citoyennes (1789-1799)

Comment les femmes de la région ont-elles expérimenté la fracture révolutionnaire ? Certaines se sont-elles mobilisées en faveur du changement ? Comment agir en citoyennes sans posséder les droits politiques du citoyen? Comment le faire loin du dynamisme révolutionnaire parisien et dans un environnement largement hostile, où s’expriment de vives résistances aux transformations politiques et religieuses ? Pour y répondre, cette conférence propose d’explorer les rôles d’un groupe peu visible et longtemps ignoré par l’historiographie régionale : celui des citoyennes bretonnes engagées pour la Révolution.

2022-11-08 (S. Mabo) - 1

Jean-Baptiste Lesueur del. (Musée Carnavalet, Paris)

2022-11-08 (S. Mabo) - 2

François Valentin del. Mademoiselle du Haffond en déesse de la Raison (1794)

2022-11-08 (S. Mabo) - 3

Marie Collin, héroïne patriote de Rimou (Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 FI 1507)

 

13 décembre, 14h30 : musée des beaux-arts

Jérôme CUCARULL, Les bouilleurs de cru d'Ille-et-Vilaine aux XIXe et XXe siècles

En 1935, la révolte des bouilleurs de cru qui parcourt les campagnes de Normandie a des résonnances en Ille-et-Vilaine. Elle montre une grande sensibilité des campagnes à la question de la taxation de l’alcool produit à partir des fruits récoltés par les paysans. Cette exaspération est le résultat de discussions passionnées et souvent houleuses que suscite le sujet depuis le début du XIXe siècle, avec une succession de législations opposées, plus ou moins libérales selon les époques. On s'interroge donc sur la légitimité des exemptions de déclaration et d’imposition dont bénéficient largement les bouilleurs de cru. Partisans et opposants tentent de justifier l’intérêt ou au contraire de montrer l'iniquité de ce privilège et son impact sur l’alcoolisme. Se pose également la question de l'égalité devant l'impôt et du rendement de celui-ci, notamment face à l'importance des fraudes.

Les statistiques élaborées par le service des Contributions indirectes servent de base à ces débats. Cependant, mesurer l’activité des bouilleurs de cru s’avère, en Ille-et-Vilaine comme ailleurs, une tâche délicate, voire impossible, à cause de la difficulté du recueil de données et de leur interprétation contradictoire. L'étude précise des statistiques pour le département d'Ille-et-Vilaine montre bien la difficulté de mesurer une activité rurale importante et d'en établir une statistique fiable pour le législateur. Globalement cette pratique systématique du monde rural constitue donc une activité « fantôme ».

2022-12-06 - J. Cucarull (Bouilleurs de cru)

 Francis Heuveline, distillateur ambulant de Montauban-de-Bretagne, installé à Saint-Gilles (cl. Alain Amet, 26 avril 2007: portail documentaire du musée de Bretagne et de l'écomusée de la Bintinais)